Quand nous sommes «victime», nous avons tendance à rester dans «l'état de victimisation» parce que nous n'arrivons pas à progresser dans notre processus de deuil de l'histoire ou de la personne (notre bourreau) ou de ce qu'il s'est passé.
Pourquoi? Parce que par sécurité, protection de soi, quand nous sommes «victime», on trouve autour de soi des personnes qui vont compatir, nous rassurer, nous cajoler, nous aider, nous écouter, en un mot: Nous aimer et reconnaître ainsi notre statut de «victime» et par voie de conséquence, notre existence.
Le seul problème c'est que quand nous sommes «victime», en général on ne s'aime pas soi-même d'être dans cet état là et on ne reconnaît pas soi-même notre propre existence, notre droit.Alors pourquoi demander aux autres de faire à notre place ce que nous devrions faire nous-même?
Le processus de deuil se décompose ainsi:
- Le choc et le déni
- La colère
- La dépression
- La résignation
- L'acceptation
1. Le choc: «AUREetCHRIS@mpn.love»
Le raisonnement est impossible, on passe par différents sentiments confus ou bien on se sent vide de tous sentiments, émotions. Cela peut être une forte agitation ou une prosternation.
Le déni: «AUREetCHRIS@mpn.love»
C'est le moment des questions, des pourquoi? Pourquoi moi? On refuse de voir, d'admettre la réalité et surtout on refuse la perte de.. ou de ce qui s'est passé.
«...Christophe: - Je ne comprends pas … pourquoi elle fait ça… (Cherchant son approbation) C’est au moment où je fais un boulot qui me plait et où je suis reconnu, apprécié, que je fais ces études en A.T et fais un travail sur moi en thérapie, que je me rapproche d’elle et de notre fils que … (secouant la tête) je ne comprends pas...»
«...Seul l’espoir de leur retour m’anime, et j’ai chaque soir, seul à la maison, l’impression qu’ils ne sont partis qu’en vacances...»
2. La colère: «AUREetCHRIS@mpn.love»
C'est le moment où on réalise la perte mais nous ne l'avons pas encore accepté et cherchons en vain à retourner en arrière, faire changer le cours des choses. Alors nous passons dans la colère devant cette impossibilité, vis-à-vis des autres (responsables de notre malheur) et aussi vis-à-vis de soi en se culpabilisant (responsable d'avoir provoquer la perte ou de ne pas avoir pu l'éviter, l'empêcher. Notre comportement est souvent contradictoire: passant de la révolte et insultes, la vengeance à la compréhension, la demande de pardon, les remords et l'amour.
« … Christophe: - Tu t’en fous bien sûr, tu as tout détruit Aurélie! Tu n’es qu’une pute! Tu as tout prévu avec ton connard, à l’avance…Tu le paieras! Tout se paye dans la vie un jour...»
«...Christophe: - Ça va être la guerre Aurélie! Tu veux la guerre, tu vas l’avoir!...»
« ...Plus tard, je lui écrirai un poème qu’elle trouvera fort joli et touchant, mais qui regagnera, comme mes autres confessions, une petite boîte en carton. A la lecture de mes lettres, Aurélie s’effondre en larmes. Elle est énormément touchée par tant de sensibilités, de sentiments et de romantisme...»
- La dépression ou la tristesse:
Face au sentiment d'impuissance de ne pouvoir renverser le cours des choses, d'effacer ce qu'il s'est passé, et de passer successivement de la tristesse à la colère, l'organisme se fatigue (fatigue, cauchemars, insomnies, maux de tête, manque d'appétit etc...). Nous sommes en guerre permanente non avec l'autre mais avec nous-mêmes, confrontés à nos croyances, nos illusions, à notre propre réalité. Il s'ensuit un profond découragement, une perte d'estime de soi, c'est la dépression.
«...Il me suffit d’un rien pour que je passe d’un optimisme mesuré à la plus effroyable des peurs, celle d’être abandonné de tous. Un geste, un mot, une absence de sourires, un refus de bisou, et je retombe de plus belle dans ma fosse à purin et dans mon scénario de vie... S’ils me condamnent, c’est que je suis foncièrement mauvais...»
4. La résignation:
Face à cette guerre perdue d'avance, nous avons tout essayé, il n'y a plus rien à faire: nous voici maintenant dans la phase de résignation. C'est l'impasse et nous ne savons plus quoi faire et nous nous laissons «vivre» au gré des évènements, se réfugiant souvent vers le passé, le souvenir comme d'un refuge.
«... La seule solution pour s’en sortir et ne plus souffrir, c’est de s’ouvrir aux autres, rencontrer d’autres personnes et de me reconstruire sans Aurélie. Je ne peux pas rester telle une belle au bois dormant que ma princesse charmante ou la fée bleue, se présentent à moi pour régler tous mes problèmes et faire de moi un «Adulte»...Je mets donc en place plusieurs décisions qui me paraissaient futiles et puériles au moment où je les prends et qui pourtant, vont avoir des répercutions importantes pour la suite».
- L'acceptation:
C'est l'ouverture à la vie, à une nouvelle vie. Nous ébauchons de nouveaux projets, et se projetons dans l'avenir. Nous vivons mieux l'instant présent mais nous sommes encore rattachés au passé sous forme de blessures, cassures. Nous sommes sur la voie de la guérison mais pas encore totalement guéris.
«... Quant à moi, malgré de petites péripéties, je suis confiant en l'avenir, libéré de mes vieilles peaux et de son emprise. Je sais que le meilleur m'attend désormais...»
«... Ne plus être victime de l’autre et avant tout de soi-même, et lui pardonner de son ignorance, de sa faiblesse, être compatissant de son erreur et jugement. Combattre ceux qui nous veulent du mal avec amour et compassion et les désarmer de la haine et de la souffrance qu'ils ont en eux...»
«... Se débarrasser de ses ressentiments, de ses regrets, se sentir léger, libre et vivant. Se libérer de ses chaînes, se mettre à nu en retirant ses vieilles peaux de chagrin et s'offrir une nouvelle tenue...»
Selon moi, je rajouterai encore une étape, la dernière:
LE PARDON.
Comment se libérer vraiment d'un traumatisme, d'une situation, d'une personne si on n'a pas pardonné à soi (durant le processus de deuil d'avoir été ainsi) et à l'autre ou à la cause de notre victimisation?
Il ne s'agit pas d'oublier, ni d'excuser mais d'accepter ce qui s'est passé et de pardonner car derrière chaque bourreau, harceleur, événement, se cache un être qui est aussi en souffrance.
«...(Christophe) - Merci à toi de m’avoir quitté. Grâce à toi, j’ai grandi et je n’ai plus peur de l’abandon…Grâce à toi, je sais maintenant que je peux vivre seul et être heureux et surtout vivant…»
« N (….................), et nous le remercions de nous avoir renforcé et de nous avoir fait prendre conscience, à ses dépends, que nous avions avant tout été:
«victimes» de nous-même, et non de lui.»
CONCLUSION
Nous ne sommes pas responsables des autres, de ce qu'ils peuvent nous faire ou des événements imprévisibles mais nous sommes responsables de ce que nous faisons de nous-mêmes.
Il n'appartient qu'à nous de rester avec un conjoint qui nous martyrise, de rester dans un emploi où on est harcelé, stressé au point d'en tomber malade, de subir quotidiennement des railleries, insultes, moqueries, menaces des autres, de subir sans réagir en se plaignant continuellement sur son sort. Il existe une multitude de solutions, de choix de vie qui s'offrent à nous. Souvent, j'entends dire: «Je n'ai pas le choix», c'est une erreur, nous avons tous le choix comme le choix de vivre.
Vous avez le droit et le pouvoir de dire:
STOP !! CA SUFFIT !! NON !!