lundi 1 août 2011

LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE AU TRAVAIL


Je suis inquiet de la dérive dictatoriale qu'exercent en toute impunité certains employeurs actuels sur leurs salariés avec ce seul leitmotiv: " si vous voulez préserver votre emploi, il va falloir accepter des contraintes, faire des concessions, travailler plus et être encore plus performant. L'esprit de compétitivité face à la concurrence féroce et une conjoncture économique en crise".
Le salarié travaille sous pression constante avec cette épée de Damoclès de tout perdre du jour au lendemain s'il n'est pas "performant". Mais comment peut-il être performant sous la menace ou la contrainte, sous une surcharge de travail de plus en plus constante? Le travail permet d'avoir un lien social, une place dans la société, il est une des composantes psychologiques (avec la famille, et soi-même) pour l'équilibre d'un être humain. Et quand une de ses composantes ne répond plus aux besoins d'épanouissement, de bien-être et de reconnaissance, s'en suit une perte de sens face à ce manque et une perte d'estime de soi.
L'être devient destructuré et tout bascule... Moi-même, j'ai été confronté à ce phénomène de harcélement moral et de violences psychologiques exercées par mon ancien employeur sur d'autres salariés.
Je travaillais dans le secteur social, donc à priori un secteur où les valeurs humaines l'emportent sur les considérations de profit économique et où, le pensais-je, le de dialogue social et le respect sont de mises. 
A mon grand étonnement, les bénéficiaires du service deviennent des clients, les salariés des exécutants, le rendement et les objectifs d'heures facturées un leitmotiv pour exercer une pression psychologique constante sur les salariés. La rentabilité d'un dossier "client" devient plus important que son état de santé lui-même et j'ai pu assister impuissant à des prises en charges inadaptées au service proposé et qui se sont avérées par la suite dangereuses pour la santé physique et psychologique du salarié.
Les salariés diplômés dans le social deviennent des commerciaux et des secrétaires de direction, des exécutants pour une direction avide de bénéfices sous couvert d'une forte concurrence mettant en péril la pérennité de la dite entreprise. Alors que celle-ci fonctionne à 80% des subventions publiques allouées et 20%des contrats de service particuliers ou organismes sociaux (mutuelles, caf, cram).
L'humain est devenu un business... au détriment de la qualité de service.
Le même phénomène est constaté dans le milieu hospitalier où le patient devient avant tout un client qui se doit d'être rentable. On comptabilise le nombre de malades, de lits, d'interventions, le coût des soins (enveloppe budgétaire d'état), le nb du personnel. C'est le système de la Tarification de l'activité et celle de l'organisation des soins et à la certification des établissements de santé couplée à une réforme managériale majeure qui découle sur... la restriction du personnel pour plus de rentabilité... et va à l'encontre de la qualité des soins et des relations humaines. (...la nouvelle gouvernance est une référence managériale majeure qui a été mise au point dans un contexte de fortes contraintes budgétaires avec une atteinte des objectifs financiers, de qualité, de formation et d'évaluation des pratiques professionnelles). 
Je fais aussi un parallèle avec les vaccins de la Grippe A et avec le séisme en Haïti en 2009, l'industrie pharmaceutique et ses scandales, l'important n'est plus de sauver des vies mais d'étudier à l'avance combien cela va nous rapporter au final.
Je tire la sonnette d'alarme, lance un cri sur cette dérive de plus en plus inquiétante où l'humain n'est plus un collaborateur actif de son entreprise mais qu'un simple outil de production au même titre que le sacro-saint logiciel informatique.
Le management par la terreur, les menaces de licenciement, la dévalorisation de soi et la perte du sens du travail, les pressions quotidiennes quand ce n'est pas du harcèlement moral, les arrêts maladies pour dépression, les abandons de postes, les démissions par aveux de faiblesse, engendrent un turn-over de plus en plus constant: tout cela génère un stress permanent pour ceux qui restent en place et joue sur la peur des salariés et entraîne à court terme un dysfonctionnement de l'entreprise elle même. Et si l'entreprise dysfonctionne, bien entendu c'est du fait et de la responsabilité des salariés faibles ou devenus subitement "incompétents" et non de la responsabilité de la politique non gagnante et jusqu'au boutiste de la direction.
Je suis abasourdi de voir à la tête d'une entreprise, une DRH qui n'est pas dans son rôle et à sa place et dont la préoccupation n'est pas le développement de l'entreprise en valorisant et en exploitant les ressources "humaines" de chacun en tenant compte des qualités de chacun, sinon pourquoi ont-ils été embauché ? mais de "casser" du salarié systématiquement lors de réunions, démontrer un manque total de respect vis à vis de ses collaborateurs, de promouvoir les attestations "contre" quand une personne, qui plus est un client, est mécontent du service, et favoriser dans un délire de paranoïa, la délation entre salariés.
L'entreprise ne défend plus son salarié face aux contraintes qu'elle lui a elle-même imposée, et le salarié ne défend plus son entreprise face à la pression constante dont il est victime, c'est le divorce.
La dernière nouveauté en date est désormais la politique de délation ou plutôt devrais-je dire de diffamation pour "sauver sa peau" et la mise en place de fausses accusations afin de déstabiliser les récalcitrant(e)s qui ne veulent pas démissionner.
Tout est fait pour déstructurer le salarié vis à vis de son entreprise et surtout de lui-même.
Une DRH qui n' a pas un échantillon d'humanisme en elle et qui va inconsciemment ou sciemment et inexorablement mener sa petite entreprise droit dans le mur... à cause de salariés incompétents et stressés bien sûr.
Vous me direz, ces entreprises ont encore de beaux jours devant elles quand on sait que la vague de suicides dans certaines entreprises n'ont pas déboulonné les responsables de ce mal-être grandissant et terrifiant:

SE TUER AU TRAVAIL !

Bien sûr, il y a plusieurs interprétations du mot "se tuer". En devenir, ne serait ce que malade est une forme de petite "mort" de soi-même, ne parlons pas des dépressions profondes, des burn-out qui sont la conséquence de la dévalorisation de soi ... par qui ?
Quand le travail devient une forme de souffrance de soi, il y a réellement de quoi se poser des questions, et la meilleure façon de s'en préserver et de partir en négociant son départ.
Devant de telles dérives, il n'y a pas d'issues heureuses, rester c'est souffrir encore plus au détriment de sa santé morale et physique.
Il est temps que CES VOYOUS LÉGAUX soient HORS D'ÉTAT DE NUIRE et que la violence psychologique au travail soit reconnue et condamnée par les tribunaux.

Prochain article: Le portrait psychologique d'un dirigeant manipulateur pervers narcissique dans l'entreprise.

Chaleureusement à vous
Christophe GEORGIN.

5 commentaires:

  1. Morale de l'histoire : si vous avez oublié que le mot 'travail' vient du mot 'tripalium' qui, en latin, désignait un instrument d'immobilisation voire de torture, il y en a qui s'en souviennent !

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    1. Ah il faudrait changer le mot alors, cela irait sans doute mieux -))

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  2. Fort heureusement, il reste encore des entreprises où il fait bon travailler avec des responsables et salariés heureux, épanouis et compétitifs.
    Quant aux autres... les dictateurs finissent toujours par perdre un jour ou l'autre, et être à leur tour, éjecté ou renversé ou condamné, ce ne sont pas les exemples qui manquent.

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  3. Je suis en recherche d'emploi. Pouvez-vous me donner les adresses de ces entreprises ?

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  4. Bonjour,
    Je ne tiens pas de carnet d'adresses sur les entreprises bonnes ou mauvaises.
    Des entreprises qui ont des valeurs saines de collaboration, de reconnaissance et de respect existent. Des reportages, des articles ont été fait, recherchez sur le net mais je ne suis pas sûr que ces entreprises soient nommées afin d'éviter une recrudescence de candidatures.
    Les entretiens d'embauche sont dans les deux sens, vous offrez moyennant salaire votre expérience, vos talents, vos valeurs, vos services et vous êtes en droit de choisir votre employeur même en période de crise.
    Si l'employeur vous veut vraiment, il vous prendra quelque soient les conditions, à vous de le convaincre.
    A vous aussi d'être vigilant et de détecter ce qui est bon et moins bon pour vous dans cette future entreprise.
    Bonne prospection à vous
    Cordialement

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