mercredi 24 octobre 2012

La société de défiance (Yann Algan)

La vidéo est peut-être un peu longue pour certains et en même temps, elle me semble indispensable afin de mieux appréhender pourquoi la société Française est défiante et quelles en sont les conséquences sur un plan individuel puis, dans son ensemble, social et politique.
Je postais sur un réseau social il y a quelques jours  " j'ai la sensation que les Français creusent leur propre tombe sans en prendre conscience "  à force d'être défiants les uns vis-à-vis des autres et d'avoir peur de tout le monde et de tout.



Comme le dit Yann Algan, pour se sortir de cet état de mal-être généralisé, il faut commencer par l'éducation dès le plus jeune âge, éducation scolaire, et je rajoute aussi et surtout, parentale.
En effet, l'enfant d'aujourd'hui deviendra l'adulte de demain.
L'éducation scolaire hiérarchise les enfants dés le plus jeune âge par des notes et appréciations, les segmentarise par un travail uniquement personnel et vertical ( c'est-à-dire hiérarchisé avec le prof) et non en groupe et de façon horizontale (en commun avec le prof). Le système éducatif classe les élèves dans des tiroirs en fonction des catégories socioprofessionnelles des parents, de leur origine, des résultats, et ces divers étiquettes vont les poursuivre toute leur vie.
Cette même hiérarchisation verticale se retrouve dans les entreprises et le fonctionnement même de l'état et des institutions françaises. L' humain n'a plus sa place où prime le statut, la fonction, le diplôme, le salaire, le matricule, le dossier.
Quelque soit votre problème, c'est votre dossier, un numéro, le remplissage de cases et un simulateur informatique qui décidera du reste. Si vous ne rentrez plus dans la case, vous êtes rejeté. Il n'y a pas ou plus de dialogue social, les personnes préfèrent se ranger, se protéger derrière des décisions qui ne les impliquent pas personnellement, c'est " le système ".   

Tant que la défiance régnera à tous niveaux, la société ne peut pas évoluer et gagner, mais se recroqueville sur elle-même afin de se protéger et finit par s'effondrer. 
Nous n'apprenons pas à collaborer, à travailler ensemble mais travailler pour..., à faire confiance aux autres mais à se méfier de tous en ne travaillant que pour soi et en ne répondant qu'à nos propres croyances.
L'individualité altère ou coupe le lien social avec les autres et a pour effet d'accentuer les conflits parce que le dialogue n'existe pas et l'individualisme accroît les inégalités sociales. 

Au niveau parental:
N'avez-vous jamais entendu de vos parents ou figures parentales des injonctions ou croyances dévalorisant les autres comme:
"N'aie confiance en personne " , " Sois plus fort que les autres si tu veux réussir dans la vie " ,
" Tous corrompus ou tous les mêmes ",   " N'aie pas de sentiments dans la vie, c'est pour les faibles ",
" Il n' y a que les salauds qui réussissent ", " etc.
Nous n'apprenons pas non plus aux enfants à avoir confiance en eux en les dévalorisant:
" Tu es un moins que rien ", " Fainéant, imbécile", " Tu ne réussiras pas dans la vie avec des mauvaises notes  ", " Tu finiras comme... ", " Tu peux mieux faire ", " On dirait..., tu es comme ...".

L'individu ne peut évoluer individuellement et socialement que dans des rapports égalitaires dits:
" Gagnant-Gagnant " avec l'autre.
C'est-à-dire, je suis OK (j'ai confiance en moi) et tu es OK (j'ai confiance en toi).
A partir de cette position, l'un et l'autre peuvent en commun aller de l'avant vers un même objectif.

Pensez-vous que les grandes réussites se sont faites toutes seules ?, si elles n'avaient pas été dans cette position égalitaire ?
Elles se sont construites grâce à la confiance que portait en lui son créateur mais aussi en la confiance qu'il avait vis-à-vis des autres, avec le concours et la confiance des autres vis-à-vis de lui.
Seul, vous ne pouvez pas réussir. Dans n'importe lequel domaine, vous avez besoin de l'autre.  

Si je suis dans la position:  Je suis OK (j'ai confiance en moi) et tu n'es pas OK (je n'ai pas confiance en toi)
Sans connaître la personne et ne répondant qu'à des injonctions, croyances et illusions sorties de mon enfance, je rejette cette personne et... suis seul.

Si je suis dans la position: Je ne suis pas OK (je n'ai pas confiance en moi) et tu es OK (j'ai confiance en toi)
Me méconnaissant moi-même et ne répondant qu'à ce que je crois, je finis par partir, fuir, me "dégonfler" et... seul.

Si je suis dans la position: Je ne suis pas OK - Tu n'es pas OK - Il n'y a rien à faire puisque tout le monde est mauvais. Et suis...seul en prenant des anxiolytiques et antidépresseurs.

Une petite histoire avec humour pour finir et qui s'applique à tous les domaines de la vie quotidienne:

Monsieur Gentil est OK-OK et rencontre Monsieur Ducon qui est Je suis OK- Tu n'es pas OK.
Monsieur Ducon rejette donc Monsieur Gentil.
Monsieur Gentil, à force d'être rejeté par des tas de Messieurs Ducon, passe dans la position :
Je ne suis plus OK -  L'autre est OK.
Monsieur Ducon s'apercevant que Monsieur Gentil n'est pas OK lui-même, il le rejette d'autant plus que personne n'est OK pour lui.
Monsieur Gentil passe alors dans la position Je suis OK en devenant Ducon parce qu'il considère à son tour les autres comme plus OK.
Et là, Monsieur Ducon reconnaît Monsieur Gentil déguisé en Ducon.
Monsieur Ducon se place alors dans une relation Je suis OK - Tu es OK parce que tu es comme moi, comme je le souhaite et se fait... Gentil.
Mais voilà, devenu par la force des choses Monsieur Ducon à son tour, Monsieur Gentil rejette fermement Monsieur Ducon, dans un jeu du genre  " Je t'ai bien eu Ducon ! ", qui finalement en arrive à la confirmation et conclusion suivante:
" Et bien voilà ! J'avais raison ! C'est bien ce que je disais, il n'y a que moi qui suis OK, les autres sont tous des cons ! ".

Morale de l'histoire: Nous attirons à soi que ce nous croyons de nous-même et des autres.

La défiance est la pelle qui creuse votre tombe.


Cordialement

Christophe Georgin

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